Vol de 13.560 km sans interruption


Les oiseaux sont des champions en matière de vol. Mais certaines espèces affichent des capacités plus exceptionnelles que les autres. C'est le cas de la barge rousse (Limosa lapponica). Cette espèce limicole est reconnaissable à son long bec pointu et son plumage d'été, tacheté au niveau supérieur et rouge-brique au niveau inférieur.

Le 13 octobre dernier, un oiseau appartenant à l’espèce des barges rousses, s’élançait de l’Alaska pour entamer son vol migratoire vers l’Océanie. Onze jours plus tard, l’oiseau atterrissait sur l’île de Tasmanie, au sud de l’Australie. Comme l’indique Ouest-France, l’oiseau âgé de cinq mois était équipé d’une balise GPS, permettant à des scientifiques de le suivre à la trace. Le suivi de son vol a permis de déterminer que l’oiseau n’a fait aucune escale, et ne s’est donc pas reposé ou nourri pendant toute la durée du voyage.

Les scientifiques ont déterminé que l’oiseau a ainsi parcouru 13.560 km sans s’arrêter pendant onze jours, ce qui lui permet de détenir le record du plus long vol sans escale au monde. Comme le souligne le livre Guinness, qui a homologué le record de l’oiseau, la distance parcourue "équivaut à deux trajets et demi entre Londres et New York, soit environ un tiers et demi de la circonférence totale de la planète ".

L'oiseau est connu pour nicher dans les régions arctiques de l'hémisphère Nord. Mais il n'y reste pas toute l'année. Une fois la saison de reproduction passée, il migre vers d'autres contrées dans l'hémisphère Sud où il passera l'hiver. Un voyage qui pousse l'espèce à parcourir de très longues distances.

Les barges rousses ont l’habitude des longs vols sans escale. La preuve, le précédent record, de 13.000 km sans escale, était détenu par un oiseau de la même espèce. En 2020, un autre de ces oiseaux au long bec avait parcouru plus de 12.000 kilomètres en onze jours de vol. Le détenteur du nouveau record en a parcouru 1.500 de plus sur une durée équivalente.

Des capacités physiques extraordinaires

Si cet oiseau paraît frêle en apparence, il serait capable de se surpasser physiquement en vol. Comme le précise le livre Guiness, les barges rousses "peuvent modifier radicalement leur corps et leur métabolisme. Elles peuvent ainsi agrandir leur cœur et leurs muscles thoraciques en plein vol pour fournir plus d’énergie et d’oxygène à ces zones". En revanche, cela aurait un impact sur son physique et sa santé, puisque l’oiseau a probablement perdu "la moitié ou plus de son poids corporel" pendant le vol, selon un expert des oiseaux australien.

Ces oiseaux ont également la particularité de dépenser très peu d'énergie comparé à d'autres migrateurs. A peine 0,41% de leur masse corporelle durant chaque heure de vol, d'après une étude parue en 2010, contre des estimations entre 0,6 et 1,5% pour les passereaux et les limicoles.